Le sommeil biphasique : un mode de repos ancestral

18 juillet 2025 -

Marque Simmons

Vous vous réveillez en pleine nuit ? Et si c’était naturel ?

Se réveiller entre deux cycles de sommeil vous arrive régulièrement ? Rassurez-vous, ce n’est pas forcément un signe de troubles du sommeil. Ce phénomène correspond en réalité à un mode de repos ancien : le sommeil biphasique. Contrairement au schéma de sommeil continu que nous connaissons aujourd’hui, ce rythme divise la nuit en deux périodes de repos distinctes, séparées par une phase d’éveil.


Bien que ce type de sommeil semble inhabituel de nos jours, des recherches menées par l’historien Roger Ekirch révèlent que cette habitude était autrefois tout à fait courante. En étudiant des documents juridiques anciens, il a mis en évidence des références récurrentes au « premier sommeil » et au « second sommeil », présentes dans de nombreux écrits historiques. Il a ainsi recensé plus de 2 000 occurrences dans des textes allant de l’Antiquité jusqu’au XIXe siècle, y compris chez des figures majeures comme Érasme, Plutarque, ou encore dans L’Odyssée d’Homère. Cette routine nocturne, aujourd’hui oubliée, était donc autrefois profondément ancrée dans les habitudes.

Le sommeil biphasique : une routine ancestrale méconnue

Aujourd’hui, nous avons tendance à rechercher un sommeil continu, sans interruption. Pourtant, ce modèle est loin d’avoir toujours été la norme. Autrefois, nos ancêtres adoptaient un rythme de sommeil segmenté, aussi appelé sommeil biphasique. Ils se couchaient généralement aux alentours de 21h ou 22h, dormaient quelques heures, puis s’éveillaient spontanément en pleine nuit pendant une à deux heures avant de retourner se coucher pour achever leur repos.

Durant cette pause nocturne, il n’était pas rare de rester allongé au lit, profitant de ce moment calme pour prier, méditer, ou même partager des instants d’intimité avec son partenaire. Certains en profitaient aussi pour accomplir quelques tâches domestiques, prendre soin des enfants, entretenir le feu ou encore réfléchir à leurs rêves récents, souvent plus présents dans leur esprit à ce moment-là.

Ce mode de repos, bien que marginal aujourd’hui, était profondément ancré dans la vie quotidienne et sociale d’autrefois.

Le sommeil biphasique au Moyen Âge : entre croyances et nécessité

Au cœur du Moyen Âge, une époque imprégnée de traditions mystiques et de croyances ésotériques, le sommeil était loin d’être ce qu’il est aujourd’hui. Les rêves occupaient une place centrale, souvent interprétés comme des messages divins ou des signes à méditer. Les postures de sommeil, elles aussi, étaient dictées par les convictions de l’époque : dormir allongé sur le dos était évité, car cette position évoquait la mort. À l’inverse, la position assise était privilégiée, conformément aux recommandations d’Hippocrate, héritées de l’Antiquité. Dormir sur le ventre, quant à lui, était associé à des maladies.

Mais si le sommeil biphasique s’est imposé, c’est aussi pour des raisons pratiques et sociales. Au XVIe siècle, cette organisation nocturne était fréquente chez les familles modestes – paysans, ouvriers ou artisans – exténuées par des journées harassantes. Le soir venu, beaucoup manquaient d’énergie pour de longues veillées. Après un premier sommeil, la courte période d’éveil permettait de surveiller le foyer, entretenir le feu, ou tout simplement assurer une certaine vigilance dans un contexte d’insécurité généralisée.

 

Le déclin du sommeil biphasique avec la révolution industrielle

Avec l’arrivée du XIXe siècle et les avancées de la révolution industrielle, les modes de vie évoluent profondément – y compris nos habitudes de sommeil. L’introduction d’un encadrement sécuritaire plus fort, comme l’apparition des forces de police, a progressivement atténué la crainte des intrusions nocturnes. Ce sentiment de sécurité accru a réduit le besoin de rester éveillé entre deux phases de sommeil.

Parallèlement, l’éclairage artificiel – grâce à l’invention de la lampe à gaz, puis de l’électricité – a radicalement transformé nos soirées. Il devient désormais possible de rester actif plus longtemps après la tombée de la nuit, ce qui modifie peu à peu l’horloge biologique. La lumière artificielle stimule l’éveil, perturbant le cycle naturel de sommeil en deux temps.

Selon l’historien Roger Ekirch, c’est à cette époque que le sommeil segmenté commence à disparaître. En cause : une nouvelle organisation sociale et économique centrée sur la productivité et la régularité des horaires de travail. La notion de performance devient dominante, et les rythmes imposés par l’emploi dictent un repos continu et plus compact.

C’est également à cette époque que naissent les premiers grands loisirs du soir : théâtres, music-halls, cinémas, cabarets… Ces divertissements nocturnes participent à retarder l’heure du coucher, rendant encore plus difficile le maintien d’un cycle biphasique. Ainsi, au fil du XIXe siècle, cette tradition ancienne s’efface doucement au profit d’un sommeil monophasique, devenu la norme dans nos sociétés modernes.

 

Le sommeil biphasique : un rythme naturel pour l’être humain ?

Peut-on considérer le sommeil biphasique comme le rythme originel du corps humain ? Pour répondre à cette question, le scientifique Thomas Wehr a mené une expérience au début des années 1990. Il a placé 15 volontaires dans un environnement sans lumière artificielle pendant plusieurs semaines, afin d’observer comment leur horloge biologique réagirait à l’absence de stimuli lumineux modernes.

Au bout de trois semaines, les participants ont naturellement adopté un schéma de sommeil en deux phases. Leur nuit se scindait en deux : une première période de sommeil de 3 à 5 heures, suivie d’un éveil d’environ 1 à 2 heures, avant de replonger dans un second cycle de 3 à 5 heures supplémentaires. Ce résultat laisse penser que, sans contraintes externes, l’être humain pourrait spontanément revenir à ce modèle ancien.

D’ailleurs, certaines communautés contemporaines, notamment au Suriname, au Nigeria ou encore à Madagascar, conservent encore aujourd’hui des rythmes de repos similaires, avec un sommeil fragmenté naturellement intégré à leur mode de vie.

Cependant, ces observations doivent être prises avec précaution. D’autres études menées auprès de populations pré-industrielles en Amérique du Sud ou en Afrique n’ont pas mis en évidence de cycles biphasés. Cela suggère que le sommeil fractionné n’est pas universel, et que son adoption dépend probablement de nombreux facteurs : environnement, culture, climat, rythme de vie…

Le sommeil fractionné est-il un signe de trouble ?

Se réveiller en pleine nuit ou adopter un rythme de sommeil biphasique n’est pas nécessairement un trouble. Que vous soyez tenté d’expérimenter ce modèle ancestral ou que vous préfériez un sommeil continu, l’essentiel reste le même : offrir à votre corps un temps de repos suffisant et réparateur.

Selon les recommandations de Santé publique France, un enfant a besoin d’environ 10 heures de sommeil, un adolescent de 9 heures, tandis que les adultes devraient viser entre 7 et 9 heures par nuit. Pourtant, la réalité est bien différente : en semaine, la durée moyenne de sommeil en France tourne autour de 6h42, et seulement 7h42 le week-end. Ce déficit chronique de sommeil soulève de réelles préoccupations pour la santé publique.

Si vous ressentez les effets de cette dette de sommeil, pensez à intégrer des siestes réparatrices dans votre routine quotidienne. De même, quelques ajustements simples – comme adopter un rituel du coucher ou utiliser des produits favorisant l’endormissement – peuvent grandement améliorer la qualité de votre nuit.

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